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"L'insécurité au travail peut mener au burn-out"


L'angoisse de perdre son emploi du jour au lendemain tiraille de plus en plus de salariés, même dans les entreprises considérées comment garantes d'emploi à vie comme à la SNCF. Comment y faire face? L'avis de Danièle Ruffet, coach et psychanalyste.

Pourquoi l'insécurité au travail est-elle devenue aussi prégnante aujourd'hui?

L'insécurité au travail a toujours existé. Mais aujourd'hui, avec la mondialisation, l'accélération des temps, les virages brusques liés aux changements de technologies, de produits et de stratégie, on assiste à des contradictions, voire des injonctions paradoxales entre le besoin d'anticiper à long terme et la nécessité d'être flexible et réactif à court terme. Or l'être humain a toujours besoin d'un certain temps pour intégrer tout changement.

De plus, avec le poids du chômage et de la précarité, la peur socio-économique gagne du terrain. Sans oublier l'évolution des conditions de travail avec la pression des reportings, des objectifs à tenir et même des entretiens annuels d'évaluation, aujourd'hui de plus en plus remis en cause.

Quelles peuvent être les conséquences psychologiques lorsque l'on travaille dans un contexte peu sécurisant: plan social, réorganisation, délocalisation...?

Le besoin de sécurité est inhérent à tous les êtres humains depuis la nuit des temps. Quand cette utilité est mise à mal, elle peut faire naître de l'anxiété, de l'inquiétude, voire de la peur, plus ou moins importantes suivant les salariés et leurs histoires de vie. Ces émotions peuvent déboucher sur des impacts en termes de santé mentale, physique et de bien-être social de l'individu. Par exemple: aller jusqu'à supporter des conditions de travail difficiles par crainte de ne pas trouver un travail ailleurs parce que l'on est senior et très spécialisé; faire face au "syndrome du vent du boulet" qui veut que l'on se sente coupable d'avoir pu garder son poste suite à un licenciement alors qu'un collègue l'a perdu (pourquoi moi et pas lui ? Qui sera le prochain?).

Cela peut aussi jouer sur la motivation. Certains salariés peuvent surinvestir leur travail pour que l'entreprise soit pérenne, quitte à aller trop loin et risquer alors de frôler le burn-out. D'autres peuvent se démotiver, perdre le sens de leur travail et déprimer parce qu'ils ne comprennent pas la stratégie ou la nécessité d'évoluer et de changer.

Que préconisez-vous pour tenter de surmonter ces différentes craintes?

Il peut être utile de se mettre dans une position active de réflexion professionnelle: analyser le marché, acquérir de nouvelles compétences, se former. Réfléchir ainsi à sa propre employabilité permet bien souvent de prendre de la distance par rapport au sentiment de subir ce qui nous est imposé et ne nous convient pas.

Comme la peur et l'anxiété empêchent de penser et de raisonner, un accompagnement peut être nécessaire pour rassurer la personne, la calmer, l'amener à analyser la situation le plus objectivement possible. Ce n'est pas en stigmatisant son inquiétude qu'on en vient à bout mais en la reconnaissant et en se donnant les moyens d'agir dessus de manière active.


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